Que peut apporter l’IA aux soins de santé ?

Les soins personnalisés et la valeur ajoutée de l’intelligence artificielle (IA) dans les soins de santé : voilà les deux principaux thèmes de la journée des patients MICI du réseau hospitalier BRIANT (hôpital Imelda à Bonheiden, AZ Jan Portaels à Vilvorde et AZ Sint-Maarten à Malines). Clairement, ces hôpitaux accordent une grande importance aux patients.
Plus de 150 personnes ont assisté à cette journée d’information, organisée par le réseau hospitalier BRIANT. Même si c’était la première édition, il y a une longue tradition d’événements axés sur les patients dans la région. Le Dr Peter Bossuyt, organisateur de l’événement : « Nous avons organisé la première journée pour les patients atteints de MICI en 2009. »
IA et maladie de Crohn ou rectocolite
Le premier orateur est Karel Van Brantegem. Ingénieur des données à l’hôpital Imelda, il expliquera la valeur ajoutée de l’intelligence artificielle et du big data dans le traitement de la maladie de Crohn ou de la rectocolite.
Karel se définit comme un adepte de l’IA. Dans son monde idéal, les modèles d’IA peuvent faire toutes sortes de prédictions. « Imaginez que le stress vous pousse à manger plus mal et à faire moins d’exercice. L’IA pourrait prédire, sur la base de ces paramètres, à partir de quand ceci pourrait provoquer une poussée ou comment la prévenir. Les médecins peuvent également faire appel à l’IA pour le diagnostic et pour suggérer le traitement le mieux adapté sur la base des données collectées. Enfin, l’IA peut les aider dans la lutte contre le cancer du côlon, en permettant un dépistage plus rapide. »
Karel pense que ce monde idéal pourrait devenir réalité dans un avenir proche. « Mais pour cela, l’hôpital devra collecter beaucoup plus de données. Nous disposons déjà d’informations provenant des dossiers des patients, de l’imagerie médicale et des questionnaires. Mais les infos provenant de l’ADN, de smartwatches et de la santé publique générale seraient un plus bienvenu. »
IA : oui ou non ?
Il est bien conscient que la collecte de toutes ces données peut paraître effrayante. Un sondage auprès des participants révèle qu’environ la moitié d’entre eux sont enthousiastes vis-à-vis des développements IA, tandis que l’autre moitié est plutôt neutre et ‘attend de voir’. « L’IA est essentiellement un modèle mathématique et non une force mystérieuse dotée d’une volonté propre », souligne Karel, « et cette technologie peut vraiment faire une différence dans les soins aux patients. »
À l’hôpital Imelda, on travaille déjà avec l’IA. Par exemple, l’IA sera bientôt utilisée pour détecter le cancer à un stade précoce et même le prévenir. En outre, un assistant IA assistera bientôt le médecin lors d’une coloscopie. « L’algorithme pourrait alors détecter un élément suspect que le médecin n’a pas vu, par exemple ».
Sa conclusion est claire : « L’IA ne remplacera jamais les médecins. Mais les médecins qui utilisent l’IA vont remplacer leurs collègues qui ne l’utilisent pas. »
Les médicaments de demain
Ensuite, le Dr. Peter Bossuyt, gastro-entérologue, a passé en revue les traitements récents et ceux qui sont en cours d’élaboration. « Ces dernières années, les nouveaux traitements se succèdent rapidement sur le marché. Cela ne veut pas dire que les anciens traitements sont devenus moins bons, ni que les nouveaux sont nécessairement meilleurs pour les patients. Si votre traitement actuel vous convient, pas besoin de changer juste parce qu’il y en a un nouveau sur le marché. »
Alors pourquoi faut-il de nouveaux produits ? « C’est simple : les médicaments n’ont pas le même effet sur tous les patients. En moyenne, un type de traitement fonctionne sur la moitié des patients, et donc pas sur l’autre moitié. Nous ne pouvons pas prédire quel traitement sera efficace pour vous. »
Différents moyens de lutter contre la maladie
Aujourd’hui, la recherche se concentre principalement sur le système immunitaire. Le Dr. Peter Bossuyt compare les nouvelles thérapies à la lutte contre un incendie : certaines éteignent le feu en éliminant les agents inflammatoires, d’autres empêchent le feu de se propager, et une troisième catégorie élimine le foyer d’incendie.
« Certains nouveaux traitements ont pour avantage le mode d’administration : au lieu d’une perfusion, les patients peuvent tout simplement prendre un comprimé chaque jour. Cela simplifie grandement le traitement et augmente le confort du patient. »
Pourra-t-on un jour guérir la maladie de Crohn ou la rectocolite ?
Le Dr. Bossuyt est enthousiaste par rapport aux nouveaux traitements, car ils pourraient même stopper la maladie. Mais on n’en est pas encore là. Il faut 10 à 15 ans pour mettre au point de nouveaux traitements. Dr. Bossuyt : « Pour l’instant, un neurostimulateur qui envoie un stimulus aux nerfs de l’intestin, provoquant ainsi l’arrêt de l’inflammation, est à un stade de recherche précoce. Autre exemple : la thérapie prometteuse qu’on utilise déjà pour le cancer : la thérapie cellulaire par CAR-T. Il s’agit de prélever des cellules inflammatoires dans le sang et de leur donner une autre fonction avant de les réintégrer. Là aussi, on stoppe l’inflammation. »
Le Dr. Lieven Pouillon, gastro-entérologue, aborde les soins personnalisés. Pourquoi une approche personnalisée est-elle si importante ? « Chaque patient est unique. Les symptômes de la maladie varient, la maladie évolue différemment d’une personne à l’autre et l’effet des traitements varie lui aussi : ce qui fonctionne de manière optimale chez un patient peut entraîner de nombreux effets secondaires pour un autre. Offrir à chacun le meilleur traitement est un processus complexe, avec des essais et des erreurs. »
Prédire la maladie de Crohn ou la rectocolite
« Pour des soins encore mieux adaptés à l’avenir, on se penche tant sur la prévention que sur le pronostic et la prédiction. En matière de prévention des maladies, il y a encore une marge de progression. Il se passe beaucoup de choses dans le corps avant que la maladie ne se développe. Si on pouvait détecter à l’avance ce qui se passe, on pourrait intervenir très tôt, avant même le diagnostic. Nous savons que la flore intestinale, la génétique, l’environnement, le régime alimentaire, le tabagisme… influencent le développement des MICI. Ce sont autant de leviers d’action : choisir de ne pas fumer ou de suivre un régime méditerranéen a un réel impact, par exemple. De nombreuses recherches étudient ce qui se passe dans le corps, à travers des analyses de traces dans le sang ou des selles qui pourraient avoir une valeur prédictive. »
Chirurgie : oui ou non ?
De nombreux patients se demandent s’ils risquent de devoir subir une opération un jour. Ou ils veulent savoir s’il est bien nécessaire de passer par un traitement aussi lourd. « On peut répondre en partie à ce type de questions, parce qu’on peut déjà souvent estimer les risques d’une évolution grave. Les patients qui fument, qui développent une fistule, qui reçoivent leur diagnostic très jeunes, par exemple, sont plus susceptibles de subir des complications. Pour affiner ce pronostic, nous effectuons actuellement des tests intéressants sur la base de l’analyse des protéines. »
Lorsqu’on commence un traitement, il y a toujours plus d’options. « Mais le choix ne se fait pas au hasard. Nous nous basons sur le profil clinique du patient. Vous avez des problèmes au niveau de l’intestin grêle ou du gros intestin ? Des fistules ? Des problèmes articulaires ? Ce sont autant d’éléments qui permettent de déterminer le traitement le plus adapté à votre cas et le plus efficace pour vous. Sur ce sujet-là aussi, il y a de nombreuses études en cours. »
Conclusion du Dr Pouillon : « Nous traitons chaque patient différemment. Mais ce n’est pas encore de la médecine de précision. Pour cela, il faudrait d’abord disposer de meilleurs outils de prédiction. »
Présentation de l’association de patients CCV vzw
Ensuite, c’est Frieda Wieme, de l’association de patients CCV vzw (pendant flamand de l’association Crohn-RCUH), qui prend la parole. Elle présente l’association de patients aux personnes présentes dans la salle. Atteinte de la maladie de Crohn depuis 45 ans, Frieda est bénévole au sein de l’association depuis 2006. Elle explique la mission, les objectifs et l’offre de l’association de patients. Ensuite, elle parle du passe-toilettes, que l’association a développé pour permettre aux patients d’accéder aux toilettes de magasins, bars, restaurants, etc.
Pas de tabou chez le personnel infirmier spécialisé dans les MICI
Stephanie Louis et Nikki Lembrechts, infirmières spécialisées dans les MICI, clôturent la soirée. Avec trois autres infirmières, elles s’occupent de près de 1.000 patients. Stephanie résume leur mission : « Nikki et moi sommes le premier point de contact. Vous pouvez nous poser toutes vos questions. Il n’y a pas de tabou ici. Si nous ne pouvons pas vous aider, nous vous orientons vers les bons professionnels de la santé ».
« Aujourd’hui, je reçois beaucoup de questions sur les questionnaires en ligne que nous faisons remplir à nos patients avant chaque consultation. L’outil que nous utilisons est très convivial et nous aidons les patients à le remplir si nécessaire. Mais en général, après la première fois, ils savent se débrouiller seuls. Les questionnaires nous font gagner beaucoup de temps, car ils nous permettent d’avoir une idée de l’état de santé du patient et de voir, grâce aux réponses, si des sujets ou des questions spécifiques doivent être abordés lors de la consultation. Nous les transmettons au médecin avant la consultation, afin qu’il puisse se préparer. »
La matinée s’est terminée par une séance de questions-réponses au cours de laquelle les patients ont pu poser des questions à un panel du réseau hospitalier BRIANT. La Dre. Pauline Lemmens (Vilvorde), la Dre. Saskia Ilegems (Malines), le Dr. Lieven Pouillon et Nikki Lembrechts (Malines), infirmière spécialisée dans les MICI, ont répondu à de nombreuses questions intéressantes et pratiques sur les maladies inflammatoires de l’intestin et leur impact.
Disclaimer:
Ce texte contient des résumés de présentations données lors de la journée des patients du réseau hospitalier BRIANT, le 20 avril 2024 à l’hôpital Imelda. Le contenu de ce texte reflète les points de vue et les opinions des orateurs respectifs, et pas nécessairement de Takeda Belgium. Si tout a été mis en œuvre pour garantir l’exactitude des informations fournies, nous déclinons toute responsabilité en cas d’erreur dans le contenu. Nous encourageons les lecteurs à vérifier les informations de manière indépendante.
C-ANPROM/BE/IBDD/0330 – Jan 2025