Ma stomie m’a permis de revivre
Ça fait trois ans que je vis avec une poche. Et ce n’est vraiment pas aussi terrible qu’on pourrait le penser. Il y a un monde de différence entre ma vie avant et après la stomie. Je revis, je peux pratiquement tout faire. Alors qu’avant, tout était devenu compliqué ; et ça, c’était bien plus terrible.
Par rapport à une personne en parfaite santé, je ne serai plus jamais en forme à cent pour cent, c’est vrai. Je souffre encore de fatigue, par exemple. Mais au lieu de me focaliser sur ce que je ne peux plus faire, je préfère voir les nombreux changements positifs que ma poche a apportés dans ma vie. Tant sur le plan professionnel, social, privé que physique.
De retour en classe
Sur le plan professionnel, ma poche m’a permis de reprendre mon travail à mi-temps. Ce rythme de travail me convenait parfaitement. Tous les matins, j’enseignais à des élèves de quatrième année. L’après-midi, j’étais à la maison et je pouvais me reposer, car j’en ai besoin. Je ne suis plus devant la classe à plein temps, mais quand j’y suis, je me donne à fond. Travailler à temps plein n’est plus une option, car mon système immunitaire fragile ne tiendrait pas le coup.
J’ai été très soulagée de pouvoir enseigner à nouveau, car j’aime beaucoup mon travail. Par contre, chaque année, je dois remplir de la paperasse pour prouver que je suis malade et que je ne peux donc pas travailler à temps plein. Ça devrait être plus simple, surtout pour les personnes souffrant de maladies chroniques.
Des hauts et des bas
Physiquement, je me suis sentie beaucoup mieux pendant un long moment. Je n’avais plus ces besoins urgents d’aller aux toilettes et ça m’a apporté beaucoup de sérénité. Avant l’opération, le temps de courir de la cuisine aux toilettes, il était déjà parfois trop tard. Depuis, j’ai appris à résoudre moi-même des petits problèmes. Mais récemment, j’ai passé quelques semaines à l’hôpital à cause d’une grave infection. Et me revoilà au repos pour me rétablir. J’étais sur le point de changer de fonction : j’allais accompagner des élèves de deuxième, troisième et quatrième années aux besoins spécifiques. Mais vu la situation, ce projet est en suspens et c’est une immense déception.
Le scénario idéal est la guérison, mais ce n’est pas encore possible aujourd’hui. Alors la stomie reste la meilleure solution. Je recommande la stomie à tous ceux sur qui plus aucun traitement ne fonctionne, comme moi. Oui, c’est difficile au début, parce qu’il s’agit d’une opération grave, avec une rééducation longue, mais elle permet vraiment de retrouver votre vie.
En balade avec le chien
Jusqu’à ma récente rechute, ma vie sociale avait elle aussi repris grâce à ma stomie. Je pouvais à nouveau rencontrer des amis, y compris en dehors de la maison. J’ai même osé accompagner quelqu’un en voiture, car je peux mieux planifier les visites aux toilettes. Quand je sentais le besoin d’aller aux toilettes, je ne devais plus y courir immédiatement.
Je pouvais faire mes courses moi-même, ce que je n’ai pas osé faire pendant des années, de peur d’avoir un ‘accident’. Je pouvais aussi promener notre chiot. Et je le faisais tous les jours, qu’il pleuve ou qu’il vente, car un jeune chien a besoin de beaucoup d’exercice. Et moi aussi. Avant, je n’aurais jamais trouvé le courage de me promener, mais ce chiot m’a fait sortir du canapé et je me sentais beaucoup mieux. J’espère pouvoir bientôt reprendre ces balades !
C-ANPROM/BE/IBDD/0324 oktober 2024