Une colocataire ennuyeuse
Au moment du diagnostic, j’étudiais à Courtrai. J’étais en première année de Sciences économiques appliquées, mais ma fatigue m’empêchait de suivre le rythme. Je suis passée à des études de Sciences commerciales à Gand, qui m’ont un peu mieux réussi. Je vivais en kot avec 12 personnes, six par étage et, à chaque étage, une salle de bains et un WC. Et pourtant, pendant cette période-là, je n’ai jamais eu d’accident.
Quand j’y repense maintenant, c’est un petit miracle. Quand les toilettes étaient occupées, j’allais rapidement aux toilettes de l’autre étage. Je m’en sortais toujours, d’une manière ou d’une autre. Idem, pendant les cours, je tirais mon plan. Je devais aller aux toilettes surtout le matin et le soir, donc, pendant la journée, ma maladie ne me gênait pas plus que ça. J’avais toujours dans mon sac à main un anti-diarrhéique, du papier de toilette et un déodorant.
Regarder « Thuis » tous ensemble
Par contre, ce qui me gênait, c’était la fatigue ce qui a, bien entendu, eu un impact sur ma vie d’étudiante. Je sortais rarement, mais je participais à pas mal d’activités organisées au kot. La fête commençait sur place et se poursuivait un peu plus loin dans le quartier étudiant, mais ce trajet de 15 minutes en vélo était trop pour moi. Quand tout le monde partait, moi, j’allais dormir ou je regardais encore un peu la télévision. L’image que je garde de ma vie d’étudiante, c’est celle-là : au lit, devant la télé. Mes colocataires regardaient « Thuis » avec moi et sortaient ensuite. Je restais tranquillement dans ma chambre, ce qui ne me posait aucun problème. J’ai un bon souvenir de cette époque, je n’ai jamais eu la sensation de rater quelque chose.
J’ai toujours pensé que mes colocataires devaient me trouver ennuyeuse. Mais quand je discute avec eux aujourd’hui, ils me disent n’avoir jamais rien remarqué. Ils savaient que je n’allais pas danser sur les tables, mais ils ne m’ont jamais trouvée ennuyeuse. Mes colocataires et amis ne savaient pas non plus que je souffrais d’une maladie chronique. Ils voyaient bien que je prenais des médicaments, mais ils n’en ont jamais vraiment parlé. Ils avaient d’autres préoccupations, je pense.