Un mètre septante

danieldebast_driesluyten10

Un mètre septante, c’est la longueur d’intestins qu’il me reste, après quatre opérations au cours desquelles on m’en a à chaque fois retiré une partie. La première fois, c’était en 1982 pour une urgence ; en 1985 je suis à nouveau passé par la case scalpel pour des résections multiples ; une troisième opération similaire a suivi en 1992 ; enfin en 2007, lors de l’ablation de la tumeur, le chirurgien m’a enlevé une bonne partie du côlon.

Après l’opération de 1985 qui consistait en 2 résections et 12 stricturoplasties, j’avais 150 points de suture dans le ventre. Lorsque l’intestin a repris son péristaltisme, je souffrais énormément et j’ai demandé un analgésique plus puissant, de la morphine. Un médecin a refusé catégoriquement : « Vous êtes un homme, comportez-vous comme tel ».

Un autre médecin a refusé également, mais a pris la peine de m’expliquer pourquoi : il trouvait le risque d’accoutumance trop élevé. Sa réaction m’a procuré un tout autre sentiment que la réponse brutale de son collègue. De telles anecdotes montrent à quel point une bonne communication entre le médecin et le patient est importante. La plupart du temps, mes expériences sont heureusement positives à ce niveau, mais je n’ai jamais oublié ces quelques moments de dérapage. En tant que président de l’association de patients, je mets en avant le rôle majeur de cette bonne relation entre médecin et patient. (Pour l’anecdote, depuis le début des années 90, chaque opéré bénéficie d’une « pompe à morphine »).