Tout sur les MICI

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La maladie de Crohn ou la colite est-elle héréditaire ? Quels sont les traitements disponibles ? Quels vaccins recevoir en tant que patient atteint d’une MICI ? Est-il possible d’être vacciné(e) en cours de traitement ? Et qu’est-ce qu’une fistule exactement ? Telles sont les questions qui ont été abordées lors de la soirée organisée à l’intention des patients à l’Onze-Lieve-Vrouwziekenhuis d’Alost.

Lorsque la soirée d’information commence, la salle est remarquablement silencieuse. Il faut dire que la quatrième vague de COVID-19 fait rage à cette époque, y compris à l’Onze-Lieve-Vrouwziekenhuis. C’est pourquoi le service de gastro-entérologie a décidé en dernière minute que l’événement se déroulerait uniquement en ligne, comme l’année dernière. Seuls les orateurs proprement dits sont présents dans la salle de l’hôpital. Les conférenciers sont le Dr Marc Krick, chirurgien généraliste à l’hôpital OLV d’Alost, le Dr Bram Verstockt, gastro-entérologue à l’UZ Leuven et tous les membres de l’équipe MICI.

Le Dr Jo Vandervoort, chef du service de gastro-entérologie, introduit la soirée. Il donne la parole au chirurgien, le Dr Marc Krick, spécialisé, entre autres, dans le traitement des fistules anales.

Fistules : plus fréquentes que les hémorroïdes.

Les fistules sont un problème largement sous-estimé, souligne le Dr Marc Krick. « Elles sont plus fréquentes que les hémorroïdes. Dans la population générale, mais surtout chez les patients atteints de la maladie de Crohn : dans cette population, une personne sur quatre en est atteinte. »  Il n’y a pas à en avoir honte. Saviez-vous que le Roi Soleil en souffrait aussi ? Il s’est fait opérer en 1686, sans anesthésie.

Heureusement, beaucoup de choses ont changé depuis. « La façon dont nous traitons les fistules dépend de leur localisation et de leur complexité », poursuit le Dr Marc Krick. « Parfois, les médicaments peuvent entraîner une guérison spontanée. Si ce n’est pas le cas, une intervention chirurgicale se révèle nécessaire. Aujourd’hui, nous constatons les résultats prometteurs d’un nouveau traitement à base de cellules souches. Mais pour l’instant, ce traitement n’est effectué que dans le cadre d’une étude. »

La nouvelle équipe MICI : médecins, consultants MICI, diététicienne et psychologue

Voici venu le moment de présenter brièvement la clinique des MICI. Celle-ci est réalisée par Jolien De Rechter, consultante MICI. Avec sa collègue An Sterckx, elle supervise les patients des trois gastro-entérologues : le Dr Stijn Vanden Branden, le Dr Jo Vandervoort et la Dr Veerle Mattens. La Dr Mattens vient également en renfort des consultations MICI sur le campus d’Alost depuis le mois de janvier.

L’équipe IBD s’est récemment étoffée, accueillant deux nouveaux membres, d’ores et déjà indispensables : Anneleen De Pauw, diététicienne, et Annelies Steurs, psychologue. Anneleen De Pauw : « Il n’est pas facile de trouver un régime alimentaire adapté quand on est atteint d’une MICI. C’est quelque chose de très personnel : il n’y a pas de régime qui fonctionne pour tout le monde. Si vous avez la diarrhée, vous n’avez souvent pas envie de manger. Ou vous n’osez pas manger certaines choses. Mais notre corps a besoin de nutriments pour fonctionner correctement. Et en la matière, je peux vous aider. »

Annelies Steurs : « Je propose mon soutien aux personnes qui ont du mal à accepter leur diagnostic. Lorsqu’un diagnostic comme celui-là est posé, chacun y réagit de manière différente. J’aide les personnes à donner une place à ces émotions, qu’il s’agisse de colère, de stress ou de peur. Je ne peux pas faire disparaître la douleur ni la fatigue, mais je peux apprendre aux gens à les gérer. Les patients peuvent également venir me voir pour poser des questions relatives à l’intimité ou à la sexualité. Si le besoin d’une thérapie plus approfondie se fait sentir, je dirige également les personnes vers un thérapeute externe. »

Traitement concerté et adapté aux besoins du patient

La docteure Veerle Mattens détaille les différents traitements disponibles aujourd’hui. « La décision d’opter pour une thérapie spécifique est toujours prise en concertation avec l’équipe. Quel âge a le patient ? Comment la maladie évolue-t-elle ? S’agit-il de psoriasis ou de rhumatismes ? Bien entendu, nous tenons compte des besoins et des souhaits des patients proprement dits. Le patient se sent-il à l’aise pour se faire une injection lui-même ou préfère-t-il venir à l’hôpital pour cela ? »

Docteur Bram Verstockt : les MICI sont-elles héréditaires ?

Le docteur Bram Verstockt a commencé sa formation de gastro-entérologue à l’hôpital Onze Lieve Vrouw il y a des années. Il y entretient aujourd’hui encore des contacts étroits avec ses collègues. « Nous nous consultons très souvent, et nous recherchons ensemble les meilleurs traitements pour nos patients », explique le Dr Jo Vandervoort.

La question à laquelle il répond aujourd’hui est celle que se posent de nombreux patients atteints de MICI : la rectocolite ulcéro-hémorragique et la maladie de Crohn sont-elles héréditaires ? Docteur Verstockt : « C’est une question très complexe qui n’a pas de réponse claire. Nous savons que l’hérédité joue un rôle. Il existe un facteur déterminant qui fait qu’une personne développe la maladie et une autre non, même si elles mangent la même nourriture et vivent dans le même environnement. »

Qu’est-ce que l’hérédité ?

Docteur Verstockt : « Notre corps est composé de millions de cellules. Certaines d’entre elles forment les cellules du cerveau, d’autres celles du foie ou de la peau, d’autres encore celles de l’intestin. Toutes ces cellules ont en commun une particule spécifique : le noyau cellulaire. Il contient de l’ADN, le code héréditaire qui détermine pourquoi quelqu’un a des yeux verts ou bruns. »

« Ce code héréditaire contient un nombre impressionnant de gènes et chaque gène peut contenir un défaut. Si un gène est défectueux à deux reprises, un problème peut survenir au niveau de l’organisme. »

À quel point la maladie de Crohn et la colite sont-elles héréditaires ?

« L’histoire de la maladie de Crohn et de la colite est beaucoup plus complexe. Ces maladies sont dues au fait que différents gènes peuvent contenir une mauvaise pièce du puzzle. Pourquoi, nous ne le savons pas. Ce que nous savons, c’est qu’un certain nombre de gènes jouent un rôle dans le développement de la maladie de Crohn et de la colite. »

« Si un membre de votre famille est atteint d’une MICI, il y a effectivement un risque accru que vous soyez vous-même atteint de la maladie. Les chiffres sont toutefois limités. Une personne sur cinq à une personne sur vingt souffrant d’une MICI a un membre de sa famille atteint de cette maladie. Si l’un de vos parents a développé une MICI, le risque que vous développiez vous-même ce type de maladie est 2 à 10 fois plus élevé. Si vos deux parents sont atteints de MICI, ce risque est multiplié par 15 à 30. »

« La poursuite des recherches scientifiques et des études cliniques reste donc très importante », conclut le Dr Bram Verstockt. « Si nous arrivons à mieux comprendre ces maladies, nous serons en mesure de mieux les traiter. »

L’importance des vaccins

Le dernier mot revient au docteur Stijn Vanden Branden. Celui-ci aborde un sujet d’actualité : l’importance de la vaccination. « Les vaccins sont de petites quantités de bactéries ou de particules virales mortes ou inactivées. En réaction à celles-ci, l’organisme produit des anticorps qui protègent contre une maladie. »

Il existe deux types de vaccins : vivants et non vivants. « Il faut être prudent avec les vaccins vivants : ils sont contre-indiqués avec des médicaments qui réduisent notre mécanisme de défense ou notre immunité. Il s’agit, par exemple, des vaccins dont vous avez besoin lorsque vous voyagez, comme le vaccin contre la fièvre jaune. Par conséquent, si vous envisagez un jour de voyager, il est préférable de vous faire vacciner avant de commencer un tel traitement. »

La vaccination des personnes atteintes de maladie de Crohn et de colite

Les personnes atteintes de MICI ont-elles besoin de plus de vaccins que la population générale ? Docteur Vanden Branden : « Si vous prenez des médicaments immunosuppresseurs, vous avez non seulement plus de risques de contracter certaines maladies, mais vous êtes aussi plus gravement malade. C’est pourquoi il est important de se protéger davantage, par exemple contre la grippe. »

Les vaccins contre le coronavirus : également pour les personnes atteintes de MICI

En d’autres termes, pour une personne qui ne reçoit pas de traitement immunosuppresseur, le calendrier de vaccination classique de la population générale est adéquat. Les personnes qui reçoivent un traitement doivent toutefois se protéger davantage. « Le vaccin contre le coronavirus n’est pas un vaccin vivant », conclut le Dr Vanden Branden. « Les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou de colite peuvent donc être vaccinées sans problème. »

Découvrez-en davantage concernant les sujets qui ont été abordés :

En savoir plus au sujet des fistules.

En savoir plus sur les vaccins.

Lisez tout ce qu’il y a à savoir à propos des vaccins contre le coronavirus.