Osez bouger !

pexels-cottonbro-4065624

À l’occasion de la journée mondiale des MICI – le 19 mai –, Takeda et l’association Crohn-RCUH organisaient un webinaire sur le thème de l’activité physique et sportive, et sur les moyens de vaincre ses peurs d’en entamer la pratique lorsqu’on est atteint d’une MICI.

En guise d’introduction, le Dr Frédéric Flamme – gastro-entérologue chef de service au CHU Ambroise Paré de Mons – rappelle tout d’abord le contexte dans lequel s’inscrit ce webinaire. Actuellement, on compte 10 millions de patients MICI dans le monde, dont pas moins de 30 000 en Belgique. « Vous n’êtes donc pas seul ! », remarque Frédéric Flamme. « D’autres, comme vous, subissent l’impact de la maladie sur leur santé mentale et leur vie quotidienne. Cela peut parfois générer de l’anxiété qui, à son tour, agira négativement sur l’évolution de la MICI. »

L’apport positif de l’activité physique

Par conséquent, la cible thérapeutique des gastro-entérologues a évolué depuis 20 ans : « Outre la diminution des symptômes digestifs, nous sommes aujourd’hui très attentifs à votre qualité de vie. Nous avons à notre disposition des outils médicamenteux de plus en plus efficaces grâce à la recherche, mais nous recommandons aussi des techniques et traitements auxiliaires, comme une nutrition appropriée, la pleine conscience et le sport. »

Quel est l’apport d’une activité physique régulière ? De manière générale, elle est bénéfique pour tout le monde et à tout âge : elle améliore la qualité de vie, protège de l’ostéoporose, elle a un effet positif au niveau cardiovasculaire, sur le système immunitaire et même une action anticancéreuse par la libération de myokines.

Recommandée aussi aux patients MICI

On sait que les patients MICI sont parfois enclins à bouger moins, à cause de la fatigue, de douleurs abdominales, articulaires… « Cependant, la sédentarité favorise l’augmentation de la graisse blanche mésentérique qui contient des substances pro-inflammatoires appelées cytokines, comme la TNFa », indique le Dr Flamme. « Elle peut aussi entraîner une fonte musculaire, une malnutrition et une modification du microbiote. »

À l’inverse, des études menées sur des patients en rémission clinique ont montré un effet favorable de l’activité physique sur l’humeur, l’ostéoporose, une réduction du nombre de poussées, une amélioration de la qualité de vie et une diminution de l’anorexie.

Oser (ré)inventer sa vie

Ces raisons scientifiques mises à part, pourquoi bouger ? Xavier Donnet, vice-président de l’association Crohn-RCUH et lui-même atteint de la maladie de Crohn, explique : « On dit souvent que pour pratiquer un sport, il faut sortir de sa zone de confort. Pour un malade chronique, je dirais plutôt qu’il s’agit de sortir de sa zone d’inconfort – l’inconfort déprimant de se savoir malade à vie – pour aller vers une autre zone d’incertitude mais qui, elle, est réconfortante. »

C’est ainsi que Xavier a décidé « [d’] inventer la vie qui va avec [sa] maladie » et de voyager de manière très dynamique : il entreprend régulièrement des road trips qui le font changer de lieu quasi tous les jours, visiter de grands espaces et quantité de villes, prendre des centaines de photos. « Il ne faut pas attendre d’aller parfaitement mieux pour bouger. La chronicité de la maladie nous affecte moralement et il faut sortir de là. Grâce aux progrès de la science, c’est possible. Il faut réagir et embrasser la vie. Pour ma part, j’ai remarqué que plus je cherchais des défis – que je choisissais –, plus je remplissais ma vie de choses positives. Mon message est donc : foncez ! »

Le but ultime : être plus heureux

Cédric Dumont ne contredira certainement pas Xavier Donnet. Celui qui se définit lui-même comme un aventurier, est également psychologue du sport et de la performance. Sa devise rejoint celle de Xavier : « Osez la vie ! » Il a lui aussi décidé de vivre ses rêves et de ne pas se laisser contraindre par les limites que les autres lui imposaient, prétendant par exemple que ce qu’il voulait faire n’était pas pour lui, ou impossible. « Enfant, je rêvais de voler. Et je l’ai fait. J’ai appris à piloter un hélicoptère, j’ai sauté en parachute, puis je me suis mis au base-jump[1], une discipline que je pratique maintenant depuis 20 ans revêtu d’un wingsuit, malgré les contraintes physiques, techniques, pratiques que je rencontre. »

Très curieux et fondamentalement optimiste, il cherche comme Xavier à sortir de sa zone de confort qu’il définit aussi comme une zone d’inconfort, « parce qu’on y stagne. En sortir permet de grandir en tant qu’être humain, d’atteindre de meilleurs résultats, mais surtout – et c’est là pour moi le but ultime de la performance –, d’obtenir plus de satisfaction et d’être plus heureux. »

Quatre piliers pour oser

Mais pour en revenir à l’un des thèmes du webinaire, comment arriver à dépasser ses peurs, à se dépasser soi-même ? Pour Cédric Dumont, ce dépassement repose sur quatre piliers :

  • la protection de sa santé mentale

Autrement dit viser le célèbre ‘esprit sain dans un corps sain’. « Faites de votre santé mentale une priorité. Libérez du temps pour pratiquer l’activité sportive qui vous donne de l’énergie et créez-vous des rituels, des habitudes positives. Et non négociables, c’est-à-dire auxquelles vous ne dérogerez sous aucun prétexte. »

  • la déconstruction des croyances

‘Je ne suis pas capable de…’ ; ‘on m’a toujours dit que j’étais nul en…’ « Il s’agit de déconstruire ces limitations que, la plupart du temps, on s’impose en fait à soi-même. »

  • la recherche du bien-être émotionnel

« Notre cerveau est programmé par l’instinct de survie et privilégie les émotions négatives comme le stress et la peur. Mais grâce à des techniques de méditation, des exercices de respiration, on peut l’entraîner à les dépasser pour atteindre le bien-être émotionnel. »

  • la confiance en soi

« Ayez confiance en vos capacités, écoutez la petite voix intérieure qui vous rappelle que vous pouvez le faire parce qu’avant tout, vous en avez envie. Et faites comme les montagnards : ne vous fixez pas comme objectif d’arriver au sommet, mais juste de faire ce pas-ci, de franchir ce mètre-ci. C’est comme ça qu’on atteint son but, dans le sport de haut niveau comme dans la vie. »

Un soutien, au quotidien

Cette philosophie du ‘un pas après l’autre’, anime également les bénévoles de l’association Crohn-RCUH, eux-mêmes patients MICI, dont Katleen Franc assure la présidence. Outre la fourniture d’informations sur les maladies et leurs traitements, ils se battent pour obtenir une meilleure prise en compte des malades et de leurs besoins, proposent une écoute téléphonique, mais partagent également entre patients des trucs et astuces pour gérer le quotidien. Un bon moyen à cet égard : l’application For You With You, qui reprend entre autres l’IBD Disk qui permet de cartographier l’évolution de la maladie. « C’est un excellent outil, y compris pour les gastro-entérologues, parce qu’il prend en compte des aspects qu’on ne pense pas toujours à aborder en consultation », remarque Frédéric Flamme.

En guise de conclusion, reprenons les paroles de Katleen Franc qui est plusieurs fois intervenue au cours du webinaire pour rappeler, à juste titre, qu’il « n’est pas nécessaire d’être le meilleur dans ce qu’on entreprend, de rechercher la perfection. Le faire, c’est déjà suffisant ». Et le conseil de Cédric Dumont, qui recommande de « commencer petit et de trouver une activité sportive qui donne envie de recommencer », ainsi que celui de Xavier Donnet qui invite à en parler avec son gastro-entérologue, « qui n’est pas seulement médecin mais quelqu’un qui, peut-être, pratique aussi un sport…:-)»

[1] Sport extrême, saut depuis des objets fixes (immeubles, ponts, antennes, falaises…)

Râté le webinaire ? Revoyez l’enregistrement en direct ci-dessous :