Journée d’information sur la maladie de Crohn et la rectocolite : des fistules au cancer du côlon

voorzitster CCV-vzw

Quels sont les traitements disponibles en cas de fistules ? Comment gérer sa maladie ? Et quels sont les risques de développer un cancer du côlon ? Le Dr. Luc Colemont fait un constat étonnant : « Les patients atteints de MICI sont moins susceptibles d’avoir un cancer du côlon ». Découvrez pourquoi.

CCV-vzw est une association de patients MICI. Il s’agit du pendant flamand de l’association Crohn-RCUH. Celle-ci a son propre programme, retrouvez-le ici.

Lors de la journée d’information de CCV-vzw, plusieurs intervenants ont répondu aux questions des patients.

Fistules : quels traitements existent ?

La première intervenante était la Dre Gabriele Bislenghi (UZ Leuven). Elle a parlé de l’évolution du traitement des fistules. Un sujet important, car quelque 20 pour cent des patients atteints de MICI développent des fistules. Chez 14 pour cent des patients atteints de la maladie de Crohn, c’est même le cas dès la première année. Lisez-en plus ici sur les fistules.

« Heureusement, pour beaucoup de ces opérations, une simple hospitalisation de jour suffit », explique la Dre Bislenghi. « Seuls 6 cas sur 100 requièrent une intervention chirurgicale majeure. » Et ce n’est pas tout : aujourd’hui, il y a des médicaments très efficaces sur le marché. « Toutefois, beaucoup de gens doivent encore subir des opérations. La moitié de ces patients se retrouve avec une stomie, même si heureusement, elles sont souvent temporaires. »

La Dre Bislenghi souligne que l’approche des médecins a beaucoup évolué. « Avant, nous ne regardions que l’anatomie d’une fistule. Aujourd’hui, nous sommes également attentifs aux souhaits des patients : si ceux-ci présentent beaucoup de fistules, mais qu’elles posent peu de problèmes, la stomie ne sera pas la solution par défaut. À l’inverse, si vous n’avez qu’une seule fistule mais qu’elle est vraiment problématique, une intervention chirurgicale peut s’avérer nécessaire. »

Chirurgie des fistules

Rectal Advancement Flap

Lors de cette intervention, un morceau de la muqueuse du rectum est utilisé pour fermer l’ouverture interne de la fistule. Elle permet de guérir 60 à 70 pour cent des patients.

LIFT: Ligation intersphincteric fistula tract

Dans ce cas-ci, on cherche la fistule entre les deux sphincters et on ferme le canal, ce qui referme également la fistule. Mais quand une personne atteinte de la maladie de Crohn a plusieurs fistules – ce qui est généralement le cas -, cette intervention chirurgicale n’est pas une option.

Les nouvelles techniques : laser et VAAFT

La chirurgie au laser ne prend que quelques minutes. Comme il s’agit d’une nouvelle technique, on ne connaît pas encore bien les chances de guérison. Mais des recherches sont en cours dans toute la Flandre. Pour l’instant, seules des études à petite échelle ont été menées sur le VAAFT (Video Assisted Ablation Fistula Tract), donc les résultats ne sont pas encore probants.

Cellules souches

Cette technique est également nouvelle, mais prometteuse. Une étude internationale indique que les patients traités avec des cellules souches montrent de bons résultats par rapport aux patients ayant reçu un placebo. Lors de cette étude, même les médecins ne savaient pas s’ils utilisaient des cellules souches ou un placebo. La moitié des patients traités avec des cellules souches sont entrés en rémission. Dans le groupe placebo, ce nombre s’élevait à 35 pour cent. L’autre constat de cette étude est donc que même le nettoyage d’une fistule à l’eau – le placebo – s’avère déjà souvent utile.

Traitement avec des cellules souches

« Dans certains pays, le traitement par cellules souches est déjà remboursé, mais il reste coûteux. C’est pourquoi les chercheurs essaient de trouver des alternatives, par exemple en utilisant les cellules souches du patient au lieu de celles d’autres personnes. » On obtient des cellules souches à partir de la graisse des fesses ou du ventre, ou alors du sang. Après un processus de centrifugation, on peut insérer ces cellules souches dans la fistule.

La vie avec la maladie de Crohn

Notre blogueuse Nina Mezzina a elle aussi témoigné lors de la journée des patients. Cette Anversoise était adolescente quand elle a reçu son diagnostic de la maladie de Crohn. Elle partage ses expériences dans notre blog et dans le livre ‘Crohnisch optimisme’. Son objectif ? « Je veux briser le tabou autour de la maladie et transmettre mon optimisme à d’autres patients. »

« Je m’expose complètement dans mon blog et mon livre, parce que je veux soutenir les autres patients. Cette maladie reste encore trop méconnue. Pourtant, je remarque que les autres patients font preuve d’une volonté énorme. Moi aussi, j’essaie de prendre la vie du bon côté. »

De la maladie intestinale au cancer de l’intestin ?

 « Faites le test »
Le Dr. Luc Colemont de l’asbl Stop Darmkanker est retraité depuis l’année dernière, mais il parcourt toujours la Belgique et le monde entier pour y donner ses conférences.  « Ces dernières années, je me sens de plus en plus comme un politicien, avec une seule priorité : le cancer du côlon. Nous avons beau vivre dans une société de l’information, il y a un manque chronique d’information sur le cancer du côlon. »

Pourquoi ? Le Dr. Colemont y voit une raison évidente : « Les intestins ne sont pas aussi sexy que les seins, le cœur ou les reins. Le défi consiste à donner une perception plus normale des intestins. Il doit être normal de demander autour de soi : ‘Tu as parfois des douleurs abdominales ?’ ou ‘Tu as déjà subi un examen intestinal ?’. Parce que le cancer du côlon tue en silence. Si on ne connaît pas l’ennemi, on ne peut jamais gagner la guerre. »

Le cancer du côlon commence par un petit polype, détectable par un simple test. « Un polype est toujours bénin et peut être facilement retiré. Le développement du polype en cancer du côlon prend 8 à 10 ans, donc il y a beaucoup de temps pour s’assurer que le polype ne se développe pas en cancer. Il y a même 95 pour cent de chances de guérison si le polype est découvert à temps. »

Mais souvent, les gens sont déjà à un stade avancé du cancer lorsque le diagnostic est posé.

Prévenir la moitié des cancers du côlon

Rien qu’en 2022, 7.350 Belges ont été informés qu’ils avaient un cancer du côlon et 2.655 sont décédés de la maladie. Une personne sur vingt aura un jour un cancer du côlon. Alors qu’on peut en éviter au moins la moitié, grâce à un simple examen préventif. Celui-ci est gratuit pour les personnes âgées de 50 à 74 ans.

« Heureusement, les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou de la rectocolite font examiner leurs selles plus souvent ou subissent régulièrement une coloscopie. Donc ce dépistage est automatique chez eux », explique le Dr. Colemont.

Cancer du côlon et maladie de Crohn

Chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn, le risque de cancer du côlon n’est pas plus élevé aujourd’hui que chez les personnes non atteintes de la maladie. C’est dû au fait que les patients atteints de MICI sont plus souvent en rémission aujourd’hui. « J’irais encore plus loin », assure le Dr. Colemont, « Je dirais même que les patients atteints de MICI sont moins susceptibles d’avoir un cancer du côlon, parce qu’on les examine plus souvent. »

Traitements

Soins personnalisés

Le dernier intervenant est le Dr. Lieven Pouillon, gastro-entérologue à l’hôpital Imelda de Bonheiden. Il évoque les soins de santé personnalisés et les traitements sur mesure. « Ils le sont déjà dans une large mesure : on n’applique pas toujours le même traitement pour les mêmes maux », dit-il. « Prenons les douleurs abdominales : elles peuvent avoir différentes causes, donc il faut les traiter différemment. En plus, chez les personnes atteintes de la maladie de Crohn ou d’une rectocolite, les symptômes et l’évolution de la maladie et du traitement sont toujours différents. »

Prévention de la maladie

Avant même que des maux surgissent, il se passe beaucoup de choses dans le corps. Est-ce possible de déjà intervenir avant le diagnostic ? Ou pourrait-on même retarder l’apparition de la MICI, voire l’éviter complètement ? Dr. Pouillon : « Les MICI ont différentes causes : la flore intestinale, la génétique, un système immunitaire hyperactif… On ne peut pas changer grand-chose à la génétique. Par contre, on peut arrêter de fumer ou ajuster son alimentation. Nous recommandons le régime méditerranéen. »