Être malade ? Pas dans notre vocabulaire !
Je souffre d’une maladie chronique depuis 17 ans, mais je n’en ai pris toute la mesure que récemment. Les premiers symptômes sont apparus quand j’étais en 6e secondaire. Je fatiguais rapidement et j’avais de très fréquentes diarrhées. J’attribuais cela au stress dû à la transition vers l’enseignement supérieur. Cependant, mes plaintes ont continué et le premier « diagnostic » posé fut celui du syndrome du côlon irritable que l’on a tenté de soigner par des médicaments qui restèrent sans effet : mon état ne s’améliorait pas.
Après un an de plaintes, j’ai consulté un spécialiste. Une coloscopie a permis de poser le diagnostic : la rectocolite. À l’époque, ce verdict ne m’a pas découragée, au contraire. J’étais heureuse d’enfin savoir de quoi je souffrais et de recevoir des médicaments. Je n’ai pas non plus cherché à m’informer plus que nécessaire. Surtout par rapport à l’aspect chronique de la maladie, qui ne m’avait pas encore frappée. Je me contentais d’avaler mes médicaments et de vivre ma vie. C’est aussi l’état d’esprit dans lequel j’ai grandi. Être malade ne figure pas dans le vocabulaire familial.
Mes parents étaient dès le départ au courant de ma maladie. Mais on n’en parlait pas, principalement parce que moi-même je ne m’appesantissais pas sur le sujet. Avec le recul, je constate que ma mère était plus impliquée que je ne le pensais, mais, comme je n’en parlais pas, elle respectait mon choix et me laissait faire. À cette époque, la maladie ne dominait pas ma vie, du moins, c’est mon souvenir. Je prenais mes médicaments et je continuais mes occupations, malgré une fatigue constante.