En toute franchise lors du premier rendez-vous

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Je me suis récemment réinscrite sur un site de rencontres. Ça faisait trois ans que je ne m'étais plus manifestée dans cet univers. Mais là, je me sentais bien, j'avais fait le plein d'énergie et j'étais à nouveau d'attaque.

En fait durant ces trois ans, j'étais à peine sortie de chez moi. Je souffrais énormément d'obstructions intestinales et je passais d'une visite à l'hôpital à l'autre. Je n'avais pas beaucoup d'énergie à consacrer à autre chose. Durant la journée, j'étais tellement épuisée qu'il me fallait des petites siestes pour tenir le coup jusqu'au soir.

Une énergie nouvelle pour sortir

Mais cet été je me suis sentie à nouveau en meilleure forme. Je me suis inscrite sur un site de rencontres et j'ai commencé à chatter par-ci par-là. Ça a tout de suite accroché avec un des correspondants. Dès son deuxième message, il me demandait déjà ce que je fais dans la vie. C'est une question qu'on me pose toujours. Je souffre beaucoup de ma maladie et ça m'empêche de travailler. J'essaye en général de repousser ma réponse jusqu'au moment de la rencontre effective. J'ai donc éludé sa question dans mes messages et nous avons convenu d'aller boire un verre ensemble.

«Ce n'est pas avec un genre de poche ?»

Ce soir-là, j'étais très nerveuse. Je savais qu'il voulait une réponse à sa question. Et en effet j'ai assez rapidement dû expliquer pourquoi je ne peux pas travailler. «La maladie de Crohn», me répondit-il alors, «ce n'est pas avec un genre de poche ?»

C'est ce qu'il a dit, vrai de vrai. D’une façon aussi plate. Mon cœur s'arrêta. Il ne voulait sans doute pas me blesser et d'autre part j'étais soulagée qu'il connaisse au moins la maladie. Mais c'était tellement abrupt. Je lui ai raconté en toute franchise comment, tous les quinze jours, je reçois durant plusieurs heures une perfusion de vitamines en y perdant presque une journée entière par la même occasion. Je l'ai vu prendre peur.

Repartir à zéro

Et ça s'est arrêté là. C'est alors que j'ai réalisé que ça ne mènerait à rien. Tout me l'indiquait. Lorsqu'il a commencé à gigoter nerveusement sur sa chaise, j'ai suggéré de rentrer. Ça faisait à peine une heure ou deux que nous étions face à face. Le lendemain, il m'écrivait dans un bref mail que nous n'étions pas sur la même longueur d'ondes. Et c'était donc terminé. Je peux à nouveau repartir de zéro.