Douleur Dr Silvana Di Romana – rhumatologue : « Aïe, mes articulations »

Dr. S. Di Romana op Patiëntendagen Crohn / Collitis, 2 febr 2023, CHU Saint-Pierre

Dans son exposé lors de la journée d’information de l’hôpital Saint-Pierre de Bruxelles, la Dre Silvana Di Romana a abordé la question des douleurs articulaires qui touchent parfois les patients atteints de MICI. En effet, un dysfonctionnement du système immunitaire peut provoquer des dérèglements du corps qui ne se limitent pas uniquement au système digestif. L’arthrite est l’une de ces conséquences.

Si l’on vous a diagnostiqué la maladie de Crohn ou une rectocolite, votre médecin vous a très probablement expliqué le principe des maladies auto-immunes qui entraînent une défaillance du système immunitaire et voient ce dernier s’attaquer aux cellules saines de l’intestin. Cependant, il arrive que ces maladies ne limitent pas uniquement à cette partie de notre système digestif, mais provoquent des réactions inflammatoires ailleurs comme dans nos articulations. Ce phénomène est relativement fréquent selon la rhumatologue Di Romana. Celle-ci collabore depuis de nombreuses années avec la Dre Vinciane Muls, cheffe de service à l’hôpital Saint-Pierre. Ensemble, elles y ont créé le ‘plateau IMID’ ou ‘plateau des maladies immunitaires’, traitant les atteintes au niveau des intestins mais aussi des articulations.

Arthrite… Kézako ?

Pour commencer, abordons un sujet souvent source de confusion pour le grand public : la distinction entre arthrite et arthrose.

L’arthrose désigne les rhumatismes qui sont liés à un phénomène dégénératif dû à l’usure des articulations, et plus spécifiquement de la couche qui en recouvre la surface, à savoir le cartilage. Avec le temps, l’âge, une prédisposition génétique ou encore notre environnement (éléments extérieurs), celui-ci s’abîme, s’use ou se déforme.

L’arthrite est une tout autre histoire, puisqu’elle concerne les rhumatismes inflammatoires. En temps normal, notre articulation contient un petit peu de liquide qui permet à celle-ci d’assurer une certaine fluidité dans ses mouvements. Les rhumatismes inflammatoires sont provoqués par un dysfonctionnement de notre système immunitaire qui produit alors en excès un liquide inflammatoire qui va abîmer l’articulation. Visuellement, ces inflammations se traduisent par des rougeurs ou des gonflements articulaires.

Notez également que, contrairement aux croyances populaires, l’arthrite n’est pas influencée par le climat et n’est pas non plus déclenchée par le travail ou l’effort. Elle est, au contraire, un symptôme chronique indicatif d’un dysfonctionnement de notre système immunitaire et peut toucher tout le monde – bien que les femmes (60 %) y soient plus souvent sujettes que les hommes (40 %) – à tous les âges. À ce jour, cela représente plus de 500 000 personnes en Belgique.

Comment poser le diagnostic de l’arthrite ?

Pour savoir si un patient est atteint d’arthrite et en préciser le type, la Dre Di Romana suit tout un protocole qui débute par une série de questions. Souffrez-vous de gonflements ? De douleurs ? Dans l’affirmative, ces douleurs se ressentent-elles au niveau d’une ou plusieurs articulations ? Depuis combien de temps ? De manière persistante ?

Différents examens sont également menés. Prise de sang et bilan immunologique permettent de détecter la présence d’anticorps spécifiques à certaines maladies inflammatoires. Quant au bilan radiographique, il indique si l’arthrite présente des destructions articulaires. Ce dernier permet d’orienter le type et la puissance du traitement (léger ou très rapide, dans le but d’éviter que les articulations soient complètement détruites et amènent une déformation articulaire définitive). Une échographie, par ailleurs, peut détecter la présence de liquide dans une articulation.

Enfin, le patient est interrogé à propos d’éventuels signes extra-articulaires. La famille des maladies inflammatoires du système immunitaire ou ‘spondylarthropathies’ est en effet très vaste. Elles peuvent concerner l’œil, la peau, le système digestif et, dans certains cas, avoir un lien avec les MICI. Dre Silvana Di Romana : « Si l’un de mes patients se plaint également de maux de ventre, de diarrhées, ou si un membre de sa famille est atteint de la maladie de Crohn ou de rectocolite, je l’envoie en gastro-entérologie. Nous pouvons ainsi affiner au mieux le diagnostic. »

L’information est mère de sûreté

Tout ce processus de diagnostic repose sur l’importance de l’information. D’abord du côté du médecin, qui cherche à comprendre exactement les ramifications de la maladie de son patient, ce qui lui permet de sélectionner en retour le traitement le plus adapté. Ainsi, si le diagnostic d’une personne dévoile une maladie digestive et articulaire, elle peut recevoir un traitement qui en gardera sous contrôle les deux aspects.

Ensuite du côté du patient, qui peut être acteur de sa maladie dans la vie quotidienne grâce aux explications du médecin spécialement adaptées à son cas personnel.

Une bonne relation de confiance entre médecin et patient est donc primordiale pour les maladies inflammatoires, car elle améliore l’échange d’informations, permet d’affiner le traitement et le suivi. Ainsi, si une MICI persiste tout au long de la vie du patient, celui-ci est constamment accompagné, écouté et soutenu par l’équipe soignante.