Adieu le désir d’enfant

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« Des enfants » ? C’est une question que l’on pose souvent aux femmes. Surtout quand vous n’en avez pas. Nous n’avons pas d’enfant, à cause de ma maladie. Mais c’est très bien. Nous sommes heureux quand même.

Nous voulions des enfants, surtout mon mari, mais le timing ne fut pas bon. Une semaine après notre mariage, j’ai reçu le diagnostic de la maladie de Crohn, à un moment où un couple commence à penser à faire des enfants. «Attendez d’être en rémission», m’avaient conseillé les médecins.

Mais cette rémission n’est pas venue. Pendant dix ans, j’ai été malade. Il n’a jamais été question de jours meilleurs. Et des enfants? Je ne pouvais pas l’imaginer. J’ai entendu beaucoup d’histoires d’autres patientes atteintes de Crohn qui avaient très bien vécu leur grossesse, mais j’ai aussi parlé à des mamans qui ont connu des crises terribles après leur accouchement.

J’étais très affaiblie. Trop faible pour une grossesse et trop malade pour prendre soin d’un enfant. Car c’était ma plus grande crainte: ne pas pouvoir m’occuper de mon bébé. Et je ne voulais pas non plus confier à quelqu’un d’autre le soin de s’occuper de lui. A cette époque, l’éducation des enfants étaient encore exclusivement une affaire de femme.

Des rêves d’enfants

Autour de mes 32 ans, j’ai enfin commencé à me sentir mieux, mais il a fallu attendre de souffler mes 35 bougies pour entendre que je resterais touchée par la maladie toute ma vie. Mon mari, malgré son désir d’enfant, m’a toujours soutenu. Aussi difficile que soit cette décision. J’ai beaucoup pleuré et j’ai rêvé d’être enceinte. J’ai pleuré comme une madeleine quand mon filleul a lu ses vœux de Nouvel An.

Combinaison impossible

Je me demande parfois si, aujourd’hui, je choisirais d’avoir un enfant si la question se représentait. Combiner travail et éducation d’un enfant est pour beaucoup de parents en pleine santé un exercice difficile. Alors, avec ma maladie ça me paraît impossible. Avec un enfant, je n’aurais pas pu travailler et inversement.

Mais la vie continue. Quand nous avons pu laisser derrière nous notre désir d’enfant, nous avons aussi réalisé que nous ne devrions pas nous faire de souci pour eux. Aujourd’hui, nous fermons la porte et nous sommes partis sans réfléchir. Nous sommes mariés et heureux depuis 36 ans. Je ne peux pas me plaindre.